L’ensilage est la technique de conservation qui préserve le mieux la valeur énergétique, mais aussi qui dégrade le plus la valeur azotée, à moins d’utiliser un conservateur ou un pré-fanage poussé. Mais plus le séjour au sol est long, plus la valeur énergétique est réduite. Tout est affaire de compromis.
Une bonne conservation
Comme toute matière organique, l’herbe se conserve si l’on empêche le développement des bactéries et moisissures qui devraient la décomposer. Conservée par voie humide, l’arrêt de la dégradation du fourrage est obtenu par la combinaison de l’absence d’oxygène et d’une acidité suffisante, qui permet de bloquer l’activité des différentes bactéries et moisissures pathogènes.
Ensilez en limitant les pertes
Les pertes de matière sèche lors de l’ensilage ont quatre origines. Deux sont visibles : les jus, quand le fourrage est ensilé à moins de 25% de MS, et les parties moisies et inconsommables. Les deux autres sont les gaz issus de la respiration puis des fermentations anaérobies, et les reprises en fermentation après l’ouverture du silo. Ces pertes de matière sèche s’accompagnent d’une baisse de la valeur nutritive tant qu’il reste de l’oxygène dans le tas et que le pH n’est pas trop bas, la respiration des cellules brûle des sucres. Parallèlement, les diverses enzymes de la plante dégradent les protéines en acides aminés, d’où une augmentation de la proportion d’azote soluble, susceptible d’être entraînée dans les jus éventuels et moins bien valorisée par les animaux. Les bactéries coliformes transforment les sucres en acide acétique (peu acidifiant et facteur d’inappétence) et les bactéries butyriques, apportées sous forme de spores par la terre, se multiplient si le pH n’est pas suffisamment acide. Encore faut-il ensuite préserver la valeur du fourrage sur pied par une bonne conservation, ce qui nécessite de mettre au plus vite le fourrage à l’abri de l’air.