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De l’Atlantique à l’Oural, moins de blé exportable en 2024-2025

Illustration Moissons. Photo iStock-ArtistGNDphotography
Illustration Moissons. Photo iStock-ArtistGNDphotography

Le Conseil international des céréales (CIC) estime les productions européenne, russe et ukrainienne de blé tendre inférieures de 10 millions de tonnes (Mt) à celles de la campagne qui s’achève. L’Union européenne récolterait aussi 6 Mt de grains en moins. Or en 2024-2025, l’Afrique en importerait plus (56 Mt ; +2 Mt).

Dans l’hémisphère nord, le temps presse. Afin d’atteindre leurs objectifs de campagne, la Russie et l’Ukraine doivent encore exporter 18 Mt de blé (195 €/t à Rouen ; + 7-8 € en un mois) et 8 Mt de maïs (187 € à Bordeaux ; + 15 € en un mois). L’Union européenne (UE) n’est pas en reste. Pour ne pas démarrer sa prochaine campagne de commercialisation avec des invendus, elle a encore l’intention d’expédier 8 Mt de blé et 3,5 Mt d’orges. Or depuis le début de la campagne, elle est concurrencée et même évincée par la Russie et l’Ukraine sur ses marchés intérieur et extérieur. Mais l’été prochain, ces deux monstres céréaliers seraient moins oppressants sur les marchés de l’export car ils produiraient moins de grains. Selon le CIC, 115 Mt de blé sont susceptibles d’être récoltées, soit 5 Mt de moins qu’en 2023 et 26 Mt d’orges seraient engrangées (-1 Mt sur un an). En Russie, de nouveaux épisodes de fortes chaleurs sans précipitations altéreraient leur potentiel de production s’ils sont appelés à se répéter. Quant à l’Ukraine, la conjoncture du marché du sucre a incité de nombreux céréaliers à se lancer dans la production de betteraves, là où il est encore possible de cultiver ses champs. Peu rentables, les cultures de blé et d’orges sont délaissées. En conséquence, seules 30 Mt seraient engrangées l’été prochain pour être consommées et exportées tout au long de la campagne 2024-2025, soit 4 Mt de moins qu’actuellement. L’UE s’apprête à engranger sa plus petite récolte de blé depuis 5 ans. Selon la Commission européenne, seules 121 Mt de blé seraient produites (- 5 Mt sur un an). Les Vingt-sept en exporteraient cependant 31 Mt, comme l’an passé, en puisant dans ses stocks. Par ailleurs, moitié moins de blé ukrainien serait importé (6,4 Mt ; -5,5 Mt). 

Egypte premier importateur mondial 

Aux portes de l’UE, le Royaume-Uni peinerait à être autosuffisant l’été prochain. Sa production de blé (12 Mt), annoncée par le CIC en repli de 16 % par rapport à celle de l’été dernier, pourrait être encore plus faible quand l’heure de la moisson sonnera. De l’autre côté de la Méditerranée, le continent africain importerait jusqu’à 56 Mt de blé. Confronté à l’Ouest à des épisodes de sécheresse et à l’Est, à des inondations, il achèterait 2 Mt de plus que cette campagne-ci. En fait, la production africaine de blé (26,2 Mt) stagne quand elle ne faiblit pas. « Les récentes averses au Maroc sont probablement arrivées trop tard pour compenser les graves dégâts causés par la sécheresse… La production devrait chuter de 38 % sur un an, à 2,5 Mt », souligne en particulier le CIC. A l’est, l’Égypte restera le premier pays importateur au monde de blé (11,7 Mt), devant la Chine. Enfin, l’Algérie achèterait 8,8 Mt de grains car sa production (2,9 Mt), attendue en hausse de 7 %, sera largement insuffisante pour couvrir ses besoins. Plus au Sud, le Nigéria importera de nouveau le blé que ses concitoyens consomment (5 Mt). Durant les six premiers mois de la prochaine campagne, davantage de blé étasunien, canadien et même kazakh devraient approvisionner les marchés de l’export. En Amérique du Nord, les conditions de cultures sont meilleures que l’an passé. Si le climat reste favorable, les Etats-Unis pourraient récolter 51 Mt de blé. Le Canada mise aussi sur une production de 29 Mt aux deux tiers exportables. Ensemble, ils seraient ainsi en mesure d’expédier 42 Mt de blé durant la prochaine campagne (+4,5 Mt). Toutefois, les huit pays exportateurs majeurs de la planète achèveraient la prochaine campagne avec des stocks de blé en net repli à 59 Mt (- 6Mt sur un an). Mais comme les marchés seront inondés de céréales secondaires (1 524 Mt, +62 Mt en deux ans), leurs stocks (320 Mt) auront entre temps crû de 13 Mt, de quoi rassurer leurs opérateurs.