Elisa Morel a 24 ans. Depuis un an et demi, elle prépare son installation à la Ferme du Kerpont, exploitation individuelle avec production et transformation de viande ovine de la montagne de Vosges.
C’est après plusieurs stages dans des élevages avec des productions différentes qu’Elisa fait le choix de l’ovin. Après une première expérience en tant que stagiaire dans un élevage lait et viande, elle rencontre Pascal Tholmer alors à la recherche d’un repreneur pour son élevage d’Hampshire.
L’exploitation
La ferme du Kerpont est une exploitation agricole individuelle avec une SAU de 48 ha tout en prairies naturelles. Autonome en foin, l’élevage compte 250 brebis avec une production d’environ 300 agneaux par an en race Hampshire pure. L’exploitation est d’ailleurs réputée pour la sélection génétique de ses animaux car elle se fournit régulièrement au Sommet de l’élevage de Cournon dont elle ramène les plus beaux reproducteurs. Déjà en 100% circuit court et vente directe, la ferme du Kerpont est en phase de développer un atelier de transformation avec la création d’un laboratoire. Découpe, cuisine, présentation et relation client sont autant de cordes que la jeune éleveuse doit rajouter à son arc pour développer et faire perdurer la ferme du Kerpont. L’exploitation fait aussi partie d’une association de producteurs de la vallée : l’APVHM (Association de Producteurs de la Vallée de Haute Moselle). Par le biais de cette association, un marché de producteur s’est développé il y a deux ans. Depuis, tous les vendredis soir en plus du marché, des plateaux repas composés des produits de locaux sont proposés aux clients.
Préparer la cession de son exploitation
En 1995 Pascal Tholmer, alors charcutier cuisinier, démarre son élevage. Avec 3 brebis dans 3ha de terrain d’abord puis, en 2008, il s’installe définitivement à titre principal. En 2015 il construit un bâtiment d’élevage qui accueille aujourd’hui 200 brebis. «J’ai décidé de céder mon exploitation sur les conseils de mon comptable, car je tenais à ce qu’elle reste accessible financièrement. Je voulais aussi transmettre la ferme avec des projets et pouvoir aider mon repreneur à les lancer. J’avais prévu une période de 2 à 5 ans pour trouver quelqu’un et que la reprise se mette en place. J’ai eu la chance de rencontrer Elisa au bout de 6 mois». Pour que la cession de l’exploitation se déroule dans les meilleures conditions le cédant et la repreneuse ont mis en place un fonctionnement en binôme. La première année, Elisa observait et apprenait aux côtés de l’éleveur, maintenant, «c’est elle qui gère et prend les décisions sur l’exploitation. Aujourd’hui je reste présent mais je ne fais que l’assister» explique le cédant. Même après cette période en binôme, Pascal s’est engagé à rester disponible les deux années qui suivront l’installation d’Elisa prévue pour 2024. «La cession de mon exploitation a toujours fait partie de ma réflexion. Transmettre ma ferme fait partie selon moi de sa bonne gestion et de ma réussite dans mon métier» affirme l’éleveur. Il ajoute, «la base de toute cession d’exploitation est que le cédant doit être psychologiquement prêt à céder son entreprise. J’ai conscience qu’Elisa ne suivra pas nécessairement mes traces. Elle va être mise en route avec mes techniques mais elle apportera sa propre vision sur l’exploitation. Dès le début une confiance mutuelle s’est installée et je sais que l’exploitation poursuivra son évolution avec elle.»
