Les négociations commerciales pour 2023 se termineront le 28 février. Entre respect de la loi EGAlim, risque de déconsommation, augmentation des charges et notamment du coût de l’énergie que peuvent espérer les producteurs laitiers ?
Yohann Barbe est président de l’UPLV. Il revient aujourd’hui sur les conditions dans lesquelles se déroulent les négociations de ce début d’année et les tendances qui s’en dégagent.
Dans quel contexte se déroulent les négociations de 2023 ?
Yohann Barbe : "2022 a été une année compliquée avec une inflation de nos charges et un prix du lait qui, derrière, ne suit pas alors que dans l’ensemble des pays européens, les prix ont plutôt augmentés. Sur la fin de l’année nous avons commencé à voir les marchés mondiaux : valeur beurre poudre et le prix du lait allemand qui commençaient à se tasser, voire qui commençait à baisser ce qui donne lieu à des inquiétudes pour 2023. Nous démarrons l’année avec un contexte incertain. Nous avons encore des hausses à passer auprès de la grande distribution française pour aller chercher la valeur que nous n’avons pas obtenue en 2022 et, dans un même temps, peut-être faire face une baisse de l’inflation globale.
Nous restons dans un environnement contraint en France avec des coopératives qui ont du mal à rémunérer leurs producteurs et des industriels privés qui pourraient les rémunérer mais qui préfèrent s’aligner sur les voisins. EGAlim n’est toujours pas opérationnelle sur la partie alignement concurrentiel.
Quelle sont vos projections sur 2023 ?
Y.B. : Sur 2023, on suppose que le marché intérieur va se stabiliser voire encore augmenter un peu pour pouvoir aller chercher la valeur qui nous est due et qui n’a pas été obtenue en 2022. L’augmentation de l’énergie a créé de grosses augmentations, sur les produits fromagers notamment, donc il y a un risque de déconsommation dès le deuxième trimestre de l’année 2023. Dans le même temps on se rend compte que même si nous sommes toujours sur des niveaux assez élevés par rapport à l’historique, la valorisation beurre poudre a perdu 10 à 15 % par rapport à l’année dernière. La valeur beurre poudre reste assez intéressante mais finalement ce sera peut-être le marché intérieur qui sera moteur cette année là où, l’année dernière, c’étaient les marchés exports qui étaient moteurs sur le prix du lait français. Nous avons aussi bon espoir que la Chine revienne aux achats suite au déconfinement. Pour l’instant les marchés laitiers ne sont pas saturés. Il n’y a pas de stocks ni en beurre, ni en poudre. Le flux reste plutôt tendu même si les marchés sont baissiers, ils ne sont pas saturés. Nous restons donc dans un contexte favorable à la production mais encore pas favorable au prix puisque nous ne sommes toujours pas sûrs d’obtenir un prix rémunérateur. "