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Agrivoltaïsme : qu’en pense la profession ?

Maximin Charpentier, président de la CRAGE a introduit la table ronde ©Marion Falibois
Maximin Charpentier, président de la CRAGE a introduit la table ronde ©Marion Falibois

Le mercredi 7 juin, en début d’après-midi, la parole était donnée aux acteurs et représentants de la filière agricole sur le sujet de l’agrivoltaïsme.

Maximin Charpentier, président de la Chambre régionale d’agriculture du Grand Est a introduit la table ronde en ces termes : « l’époque à laquelle nous vivons est équivalente à la révolution agricole des années 70 où il fallait nourrir le monde. Aujourd’hui c’est le défi énergétique qui est face à nous : continuer à nourrir le monde et dans une durabilité. Notre enjeu est d’améliorer notre compétitivité économique mais aussi notre compétitivité environnementale. Les deux sont indissociables et notre crédibilité passera par le fait que nous soyons irréprochables sur notre compétitivité environnementale pour assumer justement notre rôle dans le défi énergétique. Tous les champs des possibles sont possibles avec de l’intelligence collective. Croyez-moi, le carbone et la biomasse vont avoir beaucoup de valeur. Si les agriculteurs se prennent en main, il y a de l’avenir pour l’agriculture».

Une pression grandissante

L’agrivoltaïsme est-il une opportunité ou un danger pour l’agriculture ? Selon Xavier Lerond, président de la Chambre d’Agriculture de Moselle : « le département s’est emparé du sujet il y a maintenant 3 ans. Nous le voyons bien, nous avons besoin d’énergie et nous ne devons pas répéter ce qu’il s’est passé dans les années antérieures : nous faire prendre la valeur. Le territoire est à nous. Nous le gérons. C’est donc à nous de le structurer et de bénéficier de ce revenu et de cette énergie supplémentaires. En 2020, nous avons commencé à travailler sur un guide. Dedans nous avons souligné que : la première chose que nous voulons, c’est la souveraineté alimentaire. La terre est un produit rare et elle doit produire de l’alimentation. Ensuite, nous devons mettre des panneaux sur tous les toits et parcelles en friches. C’est facile à dire plus difficile à faire : il y a 3000 ha de parcelles en friche en Moselle, pour autant ils sont encore loin d’être tous couverts ».

La production agricole prime

Philippe Clément, président de la FDSEA des Vosges a partagé son point de vue sur le développement des productions énergétiques en agriculture. « Comment nous en sommes arrivés là ? Quand nous regardons la chute vertigineuse du cheptel bovin ces 10 dernières années, le premier constat qui s’impose c’est que l’alimentation, en France, n’a jamais été payée à sa juste valeur. Finalement, pour faire perdurer nos exploitations, nous avons diversifié nos sources de revenus d’abord avec la méthanisation et aujourd’hui avec l’agrivoltaïsme. Pour autant, la production énergétique ne doit pas se faire au détriment de nos productions agricoles classiques. Cela peut peut-être permettre de maintenir certains exploitants en place. Nous ne pouvons pas nous contenter de mettre à disposition la matière première qu’est devenue notre foncier. Notre objectif est de reprendre la main là-dessus et que le paysan profite de la valeur ajoutée apportée par ces projets et que cette valeur ajoutée profite aussi à l’intégralité du territoire. Dans la construction et l’installation des panneaux nous souhaitons faire intervenir des entreprises locales ».