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Comment pousser les éleveurs à engraisser les jeunes bovins ?

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Selon le rapporteur : « le challenge est de faire passer le veau mâle laitier d’un problème à une solution pour le revenu de nos exploitations » ©Marion Falibois
Selon le rapporteur : « le challenge est de faire passer le veau mâle laitier d’un problème à une solution pour le revenu de nos exploitations » ©Marion Falibois

Frédéric Vincent était en charge de restituer les conclusions qui ont été tirées de l’atelier.

«Nous avons fait le constat qu’il y a une baisse de la production de viande bovine en France, qu’elle soit issue du troupeau laitier ou allaitant. En face, la consommation se maintient et donc, les importations augmentent. La baisse de production est aujourd’hui de 10% et, si nous ne faisons rien d’ici 2030, 36% de la viande bovine consommée en France sera issue de l’importation. Il y a donc une place pour la production de jeunes bovins laitiers issus de nos exploitations en France. En parallèle de cela, nous avons un contexte sociétal qui peut remettre en cause certaines normes de bien-être animal et de transport des veaux de 8 à 15 jours. Il faut aussi répondre à cette règlementation et à ce contexte qui évolue. Nos réflexions ont abouti au schéma suivant : les veaux issus de nos exploitations laitières partent en majorité à 15 jours non sevrés. Nous avons repensé la phase d’engraissement en deux étapes : une partie jusqu’au sevrage à 3 mois et une autre partie jusqu’à l’engraissement après 3 mois. Pour ceux qui n’auraient pas la disponibilité en main d’œuvre en temps ou en bâtiment dans ce cas là ils pourraient réaliser un sevrage comme les veaux de boucherie et utiliser des ateliers collectifs et dans un second temps des ateliers d’engraissement collectifs qui récupèreraient les veaux sevrés soit des éleveurs naisseurs soit des ateliers de sevrages collectifs. Nous avons plusieurs options qui se présentent à nous pour garder la valeur ajoutée sur notre territoire. Aujourd’hui le veau issu de nos troupeaux laitiers est une valeur dont nous nous dépossédons et qui est valorisée dans des pays étrangers via l’export ; mais cette valorisation doit être possible chez nous à condition de bien prendre en compte les conditions sanitaires car les échanges d’animaux peuvent générer quelques soucis. Les pistes de réussite de ces schémas-là dépendent principalement de deux éléments : d’abord une structuration et une organisation de la filière au niveau de tous les maillons. Si nous ne nous basons pas sur un schéma de contractualisation avec une prise en compte des coûts de production nous n’aurons pas réussi à structurer une filière correcte et à générer de la rentabilité pour tous ces acteurs. D’un point de vue technique, que ce soit sur la productivité du travail donc le nombre de place par UMO, l’efficience animale : la capacité génétique de nos animaux à faire de la viande et puis après le potentiel de nos surfaces, notamment le rendement en maïs mais aussi la valorisation des surfaces en herbe que ce soit sur de l’ensilage, de l’enrubannage ou autre pâturages par exemple. Les éléments déterminants de la réussite sont de deux ordres : d’abord cela dépend des systèmes d’exploitation de chacun notamment de la disponibilité en main d’œuvre. Le deuxième élément est la disponibilité en bâtiment et enfin, le dernier élément déterminant est que les exploitations doivent être autonomes en fourrages. En ce qui concerne le domaine des collectivités et des politiques publiques ; il faut absolument que nous ayons une PAC qui soit favorable à l’élevage. La fiscalité est aussi un élément qui était très favorable pour l’engraissement des jeunes bovins jusqu’alors. La DFI dont pouvaient bénéficier beaucoup de producteurs notamment les engraisseurs n’est plus d’actualité, ne faudrait-il pas réfléchir à un système équivalent ? Les aides à l’investissement sont elles aussi nécessaires. Pour conclure, notre challenge est de faire passer le veau mâle laitier d’un problème à une solution pour le revenu de nos exploitations.»