La Foire de Poussay s’est déroulée le week-end dernier. C’est sous un beau soleil que plus de 100 000 visiteurs se sont pressés dans ses allées.
Malgré son âge avancé, la troisième plus grande foire agricole de France a encore de beaux jours devant elle. En milieu de matinée, cela commençait déjà à bouchonner. Il a fallu se montrer patient avant de se voir diriger vers un des quatre parkings par l’équipe de jeunes engagés par la commune. Mais, une fois stationnés, les visiteurs ont pu profiter de l’immensité de la Foire. Impossible d’en faire le tour complet. Avec 1200 exposants installés le long de ses 24 allées, chaque année, le champ de foire de Poussay se transforme en une immense fourmilière.
Pas de bottes à Poussay !
« Cela fait un an qu’il pleut. » Ce constat, on a pu l’entendre plusieurs fois en arpentant les allées agricoles de la Foire. Pourtant, la météo semblait proposer une trêve aux visiteurs. Malgré un ciel légèrement couvert le samedi matin, le soleil s’est frayé un chemin pour s’installer jusqu’à la fin de la foire. Les agriculteurs, qui l’attendaient depuis longtemps, ont tout de même fait le déplacement. Le samedi, ils étaient nombreux à échanger autour d’un verre, à évoquer leurs futurs investissements matériels ou simplement à profiter de cette parenthèse dans une année 2024 particulièrement difficile pour la profession. A en croire les rires et sourires échangés, la foire agricole a relevé le défi haut la main. Car si la Foire de Poussay, est le plus importante de la région, c’est aussi et avant tout des retrouvailles et des discussions autour de bons produits. Et de ce côté-là, les visiteurs ont été servis : bière, vin, petit-fours, fromage, viande, charcuterie, crêpes… Il y en avait pour tous les goûts.
Poussay, c’est aussi l’occasion de partager les enjeux qui animent la filière avec le grand public. Un temps fort pour les politiques également. Pour la troisième année, Jordan Bardella, président du Rassemblement National, est venu prendre un bain de foule accompagné des deux députés des Vosges issus de son parti. Et il n’était pas le seul à venir à la rencontre des Vosgiens, puisque Sarah Knafo, élue Reconquête, s’est rendue sur les stands de la FDSEA et Jeunes Agriculteurs Vosges. Parmi les sujets portés auprès de la députée européenne, les représentants syndicaux ont évoqué : le comportement inacceptable de Lactalis qui abandonne 450 millions de litres de lait français, la crise de la bio, la nécessité de faciliter l’installation et la transmission des exploitations, la surtransposition des normes et la nécessité de dissocier élevage bovin et directive IED, relative aux émissions industrielles.
Un livre « vachement bien »
Dans les allées de Poussay, on trouve de tout : des lapins, des chapeaux, des lits, des manteaux… Des livres aussi. Un notamment, s’était frayé un chemin dans la partie agricole. Pour Cécile Foissey-Gamon, c’était une première participation. Autrice du livre Vachement coach, elle aborde avec humour « le bien-être de l’agriculteur à travers les yeux d’une vache. » Avant de prendre la plume, Cécile était conseillère en élevage laitier à la Chambre d’agriculture de la Haute-Marne. C’est son expérience du terrain qui l’a menée à s’intéresser au sujet de la communication interpersonnelle. L’autrice est également coach et propose d’accompagner les exploitants via de la médiation et du coaching. « On pense souvent à la psychologie lorsque l’on parle de compétences sociales, mais, en réalité, c’est la vie. Les compétences sociales on en a besoin au quotidien. » soutient Cécile. Elle ajoute : « Il n’y a pas que de la technique, il y a aussi de l’humain sur une exploitation. Les agriculteurs prennent souvent soin de leurs vaches, de leurs cultures et de leurs machines, mais leur bien-être passe souvent en dernier. » constate-t-elle. Pour les sensibiliser à ce sujet, Cécile a choisi un angle amusant : le point de vue d’une vache sur son éleveur. « Pendant 10 ans, j’ai écrit une chronique dans la presse agricole départementale : la rubrique de Marguerite. Cela a bien plu ! » Tant et si bien que, sous l’impulsion de ses lecteurs, elle a compilé ses écrits en un ouvrage qu’elle a autopublié. C’est ainsi que Vachement coach est né.
Convivialité et solidarité
Pour SOLAAL Grand Est et sa directrice, Amandine Pasquier, c’était également une première. « Nous sommes une association d’intérêt général créée en 2021 par les OP agricoles. » explique-t-elle. Parmi les membres fondateurs de SOLAAL on retrouve : la FRSEA Grand Est, Jeunes Agriculteurs Grand Est et la Chambre régionale d’agriculture du Grand Est. Le but de l’association est « d’être facilitateur pour les agriculteurs qui sont confrontés à des invendus, et de les mettre en contact avec les associations d’aides alimentaire qui sont à la recherche de produits frais. » Une mission d’actualité car, avec l’inflation, les demandes auprès des associations d’aide alimentaire ont explosées. SOLAAL organise donc les dons, pour valoriser les produits qui ne trouvent pas preneurs. « Cela peut-être des surproductions de fruits, de légumes, de produits laitiers voire de produits carnés. Nous travaillons beaucoup avec des entreprises qui ont des dates limite de consommation (DLC) courtes. » explique la directrice. Les agriculteurs ne sont d’ailleurs pas en reste en termes de générosité : plus de 90% des donateurs sont des producteurs. « Depuis 2021, ce sont 1000 T de produits soit l’équivalent de 2 millions de repas qui ont été donnés » explique Amandine. Si SOLAAL s’est invité à la Foire de Poussay, c’est parce que l’association est encore peu connue dans les Vosges. Pourtant, en valorisant leurs invendus, les producteurs font coup double. En plus de faire une bonne action et de venir en aide à ceux qui n’ont pas les moyens de consommer des produits frais et locaux, SOLAAL fourni les documents nécessaires pour établir une réduction d’impôts.